HEIMSTONE FOREVER
J'avais pourtant dit une fois par mois... Car pour tenir un blog, il faut de la discipline, de la rigueur. Pour ne pas partir dans tous les sens, pour établir une cohérence. Non mais. Certes cette organisation ne regarde que moi, je ne m'éterniserai donc pas.
Un mois c'était la fréquence que je m'étais fixée pour écrire un portrait d'un créateur que j'aime et sur lequel je veux attirer l'attention car il le mérite à mon humble avis.
J'arrive peut être après la bataille car les filles d'Heimstone ont déjà largement fait parler d'elles dans la presse, mais à l'époque je n'avais pas ce blog pour leur rendre un hommage de modeuse admirative.
Je décide de le faire particulièrement aujourd'hui, car c'est les soldes au cas où quelqu'un l'ignorerait. En tous cas les soldes elles m'ont totalement ignorée faute de trouvailles méritantes et pour cause de prix toujours exorbitants. Forte de cette déception je décide donc de parler d'une mode hors soldes (même s'il y en a aussi sur les modèles d'Heimstone et que je ne compte pas les rater!), pour ce qu'elle a de créatif, d'atypique, de novateur, de magique même, soyons fous!
Heimstone donc, est mon coup de coeur vestimentaire de l'année dernière déjà. Une marque française coachée par deux jeunes blondes rayonnantes et rock'n roll, qui révolutionne l'univers du moyen gamme avec des créations très personnelles, investies d'un style qui ne s'acoquine pas aux tendances, qui trouve son propre souffle dans une féminité brute, des mélanges de matières, des formes tantôt vaporeuses, tantôt structurées, des contrastes aussi inattendus que réussis, des pièces d'une originalité criante.
Un véritable bijou en matière de créativité qui a élu domicile au 23 rue du Cherche Midi à Paris dans une ancienne boucherie dont la devanture metallique abrite des trésors (aussi chez Gas by Marie, Brand Bazar.... www.heimstone.com).
Alix Petit et Delphine Delafon ( qui est passée par E2 et Vanessa Bruno) se rencontrent chez Michel Klein. Leurs inspirations complémentaires les mènent d'abord à l'élaboration de bijoux à base de boulons industriels puis de maillots de bain dont l'un est porté par Uma Thurman -excusez du peu - dans In a bloom. Elles se mettent ensuite à la fringue et leurs premières pièces s'écoulent grâce au réseau de copines qui engloutissent 400 pièces lors de ventes en appartement.
La suite est une succession de collections toujours plus audacieuses et inédites les unes que les autres. L'hiver 2007 prône des formes militarisantes où la robe est la pièce maîtresse du jeu.
Elles osent le moutarde (que l'on n'aura jamais trouvé aussi seyant) et la toile de jute, là où d'autres optent inconditionnellement pour le noir et la soie. Il en est néanmoins question aussi chez Heimstone, mais jamais en cédant à la facilité. On n'achète pas ici des basiques mais des pièces élaborées, des créations intimant un style propre, baladant avec elles un univers intrinsèque. Celui d'une baby doll ténébreuse en ce qui concernait l'hiver dernier.
Pour cet été, elles jouent entre transparence et opacité, douceur des matières soyeuses et brutalité des détails de clous pointant sur des amazones de caractère, incarnées dans leurs campagnes, par une espiègle et charismatique égérie aux cheveux aussi courts et bruns que sont blonds et longs ceux des deux jeunes prodiges....La preuve que si les filles d'Heimstone déclinent une mode qui leur parle, elle ne la destine pas qu'à des filles qui leur ressemblent.
Les contrastes de beige et de noir dessinent des volumes très modernes, sur des longueurs plutôt courtes pour gambettes affirmées, les blousons motards se taillent une place de choix pour encanailler l'élégance des robes qui demeurent leur thème de prédilection. Le lurex illumine des bleus obscurs.
Il y a un fil conducteur dans chaque collection, qui n'est jamais le même, mais reste toujours sous-jascent pour créer cette cohésion essentielle à une collection, cette patte qui distingue une marque, cette silhouette reconnaissable entre mille qui fait l'identité d'un créateur.
En l'occurrence c'est encore un quatre mains- comme pour mes chouchous Proenza Schouler dont je parlais il y a peu de temps ici- qui accomplit le miracle de ces vêtements avoisinant les 400 euros en moyenne. A croire que l'ambivalence et la complémentarité ont du grand bon! Et pour boucler la boucle des similitudes entre talents de la mode, le Heim de leur nom est aussi hérité d'un patronyme familial...
Les filles d'Heimstone ont ce petit truc roots dans le look et dans leur univers, qui sied si bien à la mode, l'empêchant ainsi de devenir prétentieuse. Elle n'en reste pas moins exigeante chez Heimstone de qui l'on ne pourra pas - adepte ou non du style- déplorer un manque d'inventivité, de recherches, de propositions.
Pour l'hiver prochain, changement de programme: le léopard repointe le bout de son nez, faisant fi des modes encore une fois, et s'intercale entre des couleurs vives qui véhiculent une imagerie ethnique inspirée.
Décidément Heimstone est inclassable. Un ovni à qui l'on souhaite la bienvenue sur la Terre mode formatée.
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